Mon carnaval en Guadeloupe

C’est au détour d’une conversation autour d’un Ti punch sucré avec du sirop de batterie que cette idée d’article m’est venue 😅 Notre hôte se demandait pourquoi certains carnavaliers s’enduisaient le corps avec ce sirop. Cette interrogation m’a titillée et déclenché d’autres questions en mon for intérieur… J’ai épluché mon réseau pour essayer d’obtenir de vraies réponses à toutes mes questions. Pour mieux comprendre ce que cachent les rites et les couleurs dans les groupes à peau. Malheureusement, je n’ai pas réussi à avoir un contact disponible. Il faut dire que la période carnavalesque bat son plein. Mais qu’à cela ne tienne, je suis tombée sur un article hyper intéressant sur le blog blake’s.

Si je finis par décrocher cet interview, je vous ferai un article pour approfondir tout ça, promis 😉

Toutefois, comme dit ma soeur « il ne faut pas blâmer une contrariété ». C’est une très belle occasion pour moi de vous parler de mon histoire avec le carnaval de Guadeloupe.

LE CARNAVAL DE MON ENFANCE

Ce que j’ai toujours adoré avec les jours de fêtes en général et le carnaval en particulier, ce sont les à-côté. Le son tonitruant des groupes électrogènes qui annoncent la présence des marchands ambulants et une orgie de bokits imminente. Le bruit de la râpe de la marchande de sinobol sur son pain de glace. Les mines joviales des spectateurs laissant présager un petit moment de bonheur en toute simplicité. Petite,  je vivais le carnaval à travers les images de RFO (actuellement Guadeloupe 1ère). Mes parents ne se déplaçaient pas durant cet évènement synonyme de foule, d’embouteillages et parfois d’incidents en marge des défilés. Je ne leur en veux pas du tout parce qu’à l’époque les mass’ [personne masquée] qu’on pouvait apercevoir durant toute cette période carnavalesque, n’étaient pas du tout mes amis. Ils se postaient à chaque intersection pour réclamer une petite pièce aux automobilistes. À l’arrière de la voiture de papa, je faisais mine de regarder dans la direction opposée pour éviter d’attirer les regards et d’attiser la taquinerie.

Mass' by ©nickymariette
 ©nickymariette

MACHÉ AN MASS’ LÀ

Arrivée à l’âge adulte, c’est en ayant l’impression de braver l’interdit que j’ai eu l’occasion de courir dans un groupe à caisses claires et, beaucoup plus tard, dans un groupe à peau. Faisons un petit point rapide. « Peau » et « caisses claires » font références aux instruments utilisés par les musiciens de chaque groupe. Ce sont également des approches complètement différentes du carnaval. Si les paillettes, les plumes, les bas résilles et chorégraphies sont très souvent à l’honneur dans les groupes à caisses claires, l’ambiance est tout autre chez les groupes à peau. Chez eux, pas question de s’attarder il est question de « woulé, woulé » [Roulez], « maché an mass’ là » […] Je dois avouer que c’est assez déstabilisant au départ. Je me suis sentie un peu oppressée avec une peur folle qu’on me marche dessus. Et puis, j’ai vite assimilée le rythme. On peut marcher des kilomètres, ambiancé par le rythme des tambours, des chansons et des pas. C’est une expérience vraiment inoubliable. J’ai eu l’impression d’être dans une locomotive, de ne faire qu’un avec un groupe de plus de 200 personnes. Lorsqu’on voit passer ces groupes c’est impressionnant. De l’intérieur ça l’est encore plus. Si vous avez l’occasion de le faire, foncez.

Groupe à peau by ©nickymariette ©nickymariette

LE CARNAVAL OUTRE-ATLANTIQUE

Depuis que je suis de l’autre côté de l’océan je fais au mieux pour vivre mon carnaval à distance. Grâce à des amis j’ai fait mon baptême de carnaval de Bordeaux . C’est d’ailleurs là-bas que j’ai fait mon premier défilé. Je suis au garde à vous le mardi gras sur le net et depuis quelques années sur la box, pour ne pas rater la parade. Et grâce à instagram, je vis tous les jours gras par procuration. Des photographes tels que Nicky Mariette , à l’origine de toutes les photos de cet article, capturent à merveille cette ambiance festive.
On est d’accord, il est impossible de retrouver ici l’ambiance outre-atlantique, mais ces quelques subterfuges m’aident à vivre cet incontournable culturel. Lorsque la distance laisse place à la nostalgie, il n’y a rien de mieux que de se créer ses petits évènements culturels à sa sauce. Sur ce, je m’en vais cuisiner mes  beignets pour ma soirée déguisées de ce soir …

2 Commentaires

  1. Coucou Tatiana
    À mon grand regret je n’ai jamais pu apprécier le carnaval de chez nous, pas de participation au défilé de l’école et même pas à la télé. Eh oui « sé biten a dyab » ! Affaire de religion… Tu m’as compris. Et quand je vois des vidéos sur les réseaux sociaux, toute cette vibration quand les groupes à peau défilent, Akiyo et j’en passe. Ça me donne des frissons. J’espère avoir la chance un jour d’assister à un défilé en Guadeloupe. Ce n’est pas normal de dénigrer notre culture au profit de l’aliénation (mais bon je ne vais pas en vouloir à papa et maman pour ça)…

    1. Bonjour Géraldine,
      Effectivement « sé biten a dyab » résonne dans mon esprit. Je l’ai entendu plusieurs fois mais visiblement occulté… Je me rends compte que bien des choses sont dénigrées à tort ou à raison. Je crois que tout cela fait partie de notre richesse culturelle.

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